Mon avis de nutritionniste sur l’huile de coco

Mon avis de nutritionniste sur l’huile de coco

L’huile de coco vit un regain de popularité depuis une dizaine d’années. Contrairement aux autres gras d’origine végétale utilisés en cuisine, il s’agit d’une huile qui est solide à température pièce. Elle est donc souvent utilisée comme substitut au beurre dans une alimentation végétalienne. Petit bémol, cette huile est composée à 92% de gras saturés, ces gras étant associés à une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires. Elle est donc très pauvre en gras monoinsaturés (6%) et polyinsaturés (2%), qui sont pour leur part bénéfiques pour la santé du cœur (pensez à l’huile d’olive et au régime méditerranéen!). Ainsi, cette huile tropicale – plus riche en gras saturés que le beurre (qui en contient 51%) et même que le gras de canard (33%) ou de bacon (40%) – devrait-elle continuer d’avoir sa place dans votre garde-manger?

Ce qu’en dit la science

D’abord, il faut savoir qu’aucun aliment n’est composé d’un seul type de gras, qui comprennent eux-mêmes une variété d’acides gras ayant des structures différentes (voir l’encadré). De plus en plus d’études sur le sujet proposent que ces différences pourraient avoir un impact majeur sur la façon dont le corps va les absorber et les métaboliser. C’est justement ce qui se passerait pour l’huile de coco. Les acides gras saturés qu’elle contient sont majoritairement de l’acide laurique, qui possède une chaine moyenne-longue. Dit simplement, cette caractéristique fait en sorte qu’il pourra, du moins en partie, être absorbé différemment dans le corps comparativement aux gras saturés à chaine longue (retrouvés en plus grande quantité dans les graisses animales), et avoir un effet moins néfaste.

Les études réalisées jusqu’à maintenant démontrent pour la plupart que comparativement à diverses huiles végétales, l’huile de coco ferait augmenter les taux de cholestérol totaux et LDL (le « mauvais » cholestérol), de façon similaire ou légèrement inférieure au beurre. Aussi, elle impacterait peu le bon cholestérol. L’huile de coco vierge-extra aurait quant à elle un effet neutre sur les divers taux de cholestérol sanguins. Bref, l’huile de coco semblerait un choix au mieux neutre, au pire néfaste pour la santé cardiovasculaire. Pour l’instant, il est toutefois impossible de se positionner fermement quant à l’effet de la consommation d’huile de coco sur les risques de maladies du cœur et sur la santé en général. En effet, les études s’intéressant aux effets à plus long terme de la consommation de la noix de coco et/ou de son huile ont généralement été réalisées dans des populations ayant un mode de vie et des habitudes alimentaires différentes des nôtres, typiquement nord-américaines. Tout de même, l’American Heart Association ne recommande pas l’utilisation de l’huile de coco en cuisine.  

QU’EST-CE QU’UN ACIDE GRAS?

 

De façon simplifiée, les acides gras ont une configuration de ligne plus ou moins droite et de longueur variable composée majoritairement d’atomes de carbone. Leur configuration reflète leur degré de saturation : un acide gras saturé sera droit, un acide gras monoinsaturé aura une cassure (coude) et un acides gras polyinsaturé aura plusieurs coudes. Ces coudes se créent lorsqu’une double liaison est présente entre deux carbones. Ainsi, la catégorie des gras saturés comprend plusieurs gras de configuration droite, mais de longueurs différentes. La même chose s’applique pour les lipides insaturés. Quant aux gras trans, ils se retrouvent naturellement en petite quantité dans la viande et les produits laitiers. Sinon, ils sont produits industriellement en hydrogénant un gras insaturé, qui perdra sa ou ses doubles liaisons et deviendra droit comme un gras saturé. Les gras trans artificiels sont maintenant bannis au Canada étant donné leur impact négatif sur le mauvais et le bon cholestérol sanguin. Les cassures et la longueur des acides gras influenceront leurs propriétés culinaires et leurs effets sur la santé.

Mes recommandations?
  1. Si vous en consommez, choisissez de préférence une huile de coco vierge-extra.
  2. Utilisez-là avec modération en la réservant pour certaines recettes ou celles demandant un corps gras solide.
  3. Le plus important, variez avec d’autres huiles végétales riches en gras monoinsaturés (olive, tournesol) et polyinsaturés (canola, caméline) pour profiter des bienfaits bien prouvés de leurs bons gras.

En terminant, ne pensez pas que ce qui est fabriqué avec de l’huile de coco sera nécessairement plus sain. Le marketing alimentaire est un outil puissant. Gardez aussi en tête que cette huile parcours un long chemin jusqu’aux épiceries. Il ne s’agit donc pas d’un produit a privilégier pour ceux désirant réduire l’impact environnemental de leur alimentation.

Soyez critique, pratiquez la modération et visez la variété!

Références :

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